Roxanne Papineau est nutritionniste clinicienne en néphrologie à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ). Elle cumule plus de 15 ans d’expertise dans le suivi nutritionnel des patients atteints de maladies rénales. À l’occasion de la sortie de son livre Savoir quoi manger – Santé Rénale – 21 jours de menus, on lui a posé quelques questions.
D’où vient votre intérêt pour l’alimentation et plus particulièrement dans le cadre des maladies rénales ?
Roxanne Papineau : Dès l’adolescence, je collectionnais les livres de recettes et j’hésitais entre devenir chef cuisinière ou faire ma médecine. J’ai finalement choisi d’aller à l’université en nutrition car c’était pour moi le meilleur des deux mondes : la santé par l’alimentation. À ma sortie de l’université, j’ai tout de suite été plongée dans le monde des maladies rénales à mon travail, puis quelques années plus tard, ma sœur ainée a été diagnostiquée avec une insuffisance rénale évolutive. Je suis ainsi dévouée aux maladies rénales depuis maintenant 15 ans.
Pourquoi l’alimentation est-elle importante pour la santé rénale ?
R. P. : Tout ce que l’on mange ou boit doit ultimement être filtré par les reins donc une saine alimentation peut aider à préserver une bonne santé rénale. A l’inverse, en cas de maladies rénales, une alimentation adaptée est importante pour ralentir, voire stabiliser son évolution, en plus d’en limiter les complications.
Vous êtes nutritionniste en néphrologie, présidente du Regroupement des nutritionnistes en néphrologie du Québec et membre du comité scientifique de D.E.V.E.N.I.R., qui vise à optimiser les soins aux patients atteints d’insuffisance rénale chronique. Vous participez également au comité d’experts en santé rénale associé au ministère de la Santé, et vous êtes bénévole pour la Fondation canadienne du rein. Pourquoi avoir décidé, en plus, d’écrire ce livre ?
R. P. : Plusieurs personnes atteintes ou prédisposées aux maladies rénales n’ont pas accès facilement à une nutritionniste spécialisée en néphrologie, en particulier dans les stades précoces. De plus, les informations sur la nutrition rénale qui circulent sur internet sont souvent désuètes ou contradictoires. Je voulais sensibiliser la population et offrir un guide contenant des informations fiables et pratiques aux personnes qui se sentent parfois perdues.
À qui s’adresse principalement cet ouvrage ?
R. P. : Au moins un canadien sur dix serait atteint d’insuffisance rénale, souvent sans le savoir, ce qui représente une augmentation de 60% dans les dix dernières années. Ce livre s’adresse à la fois aux individus souffrant de maladies rénales ou ayant des facteurs de risque d’en développer comme de l’hypertension, du diabète, des maladies cardiovasculaires ou des antécédents familiaux de maladies rénales.
En ce qui concerne la protection rénale, y a-t-il des interdits alimentaires ? Le régime à suivre est-il restrictif ou compliqué à suivre ?
R. P. : En tant que nutritionniste, je n’aime pas le mot interdit car tout est une question de portion et de modération. Pour une bonne santé rénale, il s’avère surtout essentiel de limiter la consommation de protéines animales et les aliments transformés riches en sel et en additifs. Ce livre permet de simplifier l’alimentation rénale avec des informations claires et des recommandations concrètes.
Quelles sont les différences entre une bonne alimentation équilibrée pour tout un chacun et un régime alimentaire protecteur des reins ?
R. P. : Les recommandations données dans cet ouvrage s’inspirent fortement de l’alimentation méditerranéenne, laquelle est un modèle d’alimentation équilibrée, qui inclus des produits peu transformés et beaucoup de végétaux. Aucun groupe d’aliments n’est exclu de l’alimentation en santé rénale, mais l’équilibre entre ceux-ci est essentiel.
Vos recommandations nutritionnelles peuvent-elles être suivies par toute la famille ?
R. P. : L’assiette santé rénale est tout à fait compatible avec les recommandations du nouveau Guide alimentaire canadien. De plus, les apports recommandés pour une bonne santé rénale sont les mêmes que pour la population en bonne santé. La plupart des gens consomment beaucoup plus de sel et de protéines que leurs besoins réels. Comme il y a peu de signaux d’alarme dans les premiers stades des maladies rénales, la prévention est de mise.
En suivant le régime proposé, les résultats sont-ils visibles au bout de 21 jours ?
R. P. : Une réduction des apports alimentaires en sel et en protéines peut améliorer en quelques jours seulement la pression artérielle et la protéinurie, deux facteurs de risque de progression des maladies rénales. Toutefois, les changements alimentaires doivent être envisagés sur le long terme si on souhaite des effets protecteurs durables.
Préférez-vous le sucré, le salé ou le sucré-salé ? Parmi les recettes du livre, avez-vous un coup de cœur ?
R. P. : Je suis assurément de type sucré-salé, d’autant plus que mon péché mignon est le chocolat à la fleur de sel. Dans ce livre, ma recette coup de cœur est celle de tacos au tempeh qui est selon moi la meilleure façon de découvrir cette protéine végétale. C’est une recette simple, facile et savoureuse.